LES AMIS DE L’HISTOIRE DE SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS
" CLIN D'OEIL "
Découvrez dans cette nouvelle rubrique mensuelle un fait divers, une anecdote ou un personnage lié à Sainte-Geneviève-des-Bois ou ses environs.
NOVEMBRE 2024
Raimon Ménager, peintre génovéfain
Raymond Ménager (qui prendra comme nom d’artiste Raimon Ménager) est né en 1912 à Rohan dans le Morbihan. En 1922, sa famille quitte la Bretagne pour s’installer à Sainte-Geneviève-des-Bois.
A 10 ans, Raymond manifeste déjà une passion pour le dessin et la peinture. Après des études dans un pensionnat réputé de la région et une formation d’horloger à Besançon, il travaille dans un atelier (la société Pekly) fabriquant des appareils de mesure de haute précision.
La seconde guerre mondiale entraîne la fermeture de cette société. Raymond Ménager est réquisitionné dans le cadre du STO (Service du travail obligatoire) et envoyé contre son gré à Hambourg. Fin juillet 1943, la ville est bombardée par les alliés. Il profite de la confusion pour revenir en France et entre alors dans la résistance avec laquelle il participe à plusieurs actions aux environs de Sainte-Geneviève-des-Bois.
A la libération, il retourne travailler dans la société Pekly où il effectue toute sa carrière professionnelle pendant 32 ans.
Sur le plan artistique, Raymond Ménager s’est formé pratiquement seul, développant son talent naturel en suivant des cours de peinture par correspondance.
Il est l’un des fondateurs, avec cinq amis artistes peintres (Norbert Thureau, Aimé Rancière, Henri Loubens, Marcel Roussi et Pierre Daniel), de la Société des Artistes du Hurepoix (SAH) en 1946, association culturelle pour la promotion des beaux-arts qui perdure aujourd’hui.
Ces six peintres réalisent la fresque d’un 14 juillet dans la salle du conseil de la mairie de Sainte-Geneviève-des-Bois, fresque aujourd’hui recouverte pour la protéger.
« Raimon » Ménager peint de nombreux tableaux sur Sainte-Geneviève-des-Bois (Donjon, marchés,..., libération de la ville (voir le clin d’œil d’août 2024) ainsi qu’un grand nombre de tableaux sur sa chère Bretagne natale. Il participe pendant de nombreuses années à des expositions régionales, nationales et internationales où il gagne prix et médailles.
En 1956, c’est en regardant son fils travailler à un devoir d’histoire que ce dernier devait illustrer, qu’il découvre une technique lui permettant d’intégrer des personnages dans ses tableaux. Il découpe des figurines sur de fines feuilles de laiton, les plie et les soude à leur base puis les peint. La composition est ensuite mise sous verre, constituant des dioramas.
Il adhère alors à plusieurs sociétés de collectionneurs de figurines historiques et participe à de nombreuses manifestations nationales et internationales où il reçoit de nombreuses récompenses. Certains de ses dioramas ont été exposés dans les musées de la Marine, de la Gendarmerie, de la Légion Etrangère, des Pompiers et même aux invalides.
Raymond Ménager continue la peinture et ses découpages jusqu’à sa mort en 2000. Il repose avec son épouse au cimetière de Liers à Sainte-Geneviève-des-Bois. La palette de peintre figurant sur sa stèle rend hommage à son talent.
Après son décès, son fils Yannick fait don à notre commune de nombreuses œuvres réalisées par son père (toiles, dioramas, dessins) dont certaines ont été exposées lors d'une exposition communale sur la guerre de 14-18.
Une nouvelle exposition, organisée conjointement par notre association et la municipalité, se tiendra dans l’espace Jacques Brel du 4 au 15 Décembre (affiche de l’exposition), et permettra de rendre hommage au talent de ce peintre aux multiples facettes. Nous espérons vous y voir nombreux /nombreuses !
Exposition Raimon Ménager : Espace Jacques Brel, cour du Donjon, du 4 au 15 décembre 2024, les mercredis, samedis et dimanches de 14 heures à 18 heures​
Sources :
- Eléments biographiques : Yannick Ménager, fils de Raymond Ménager
- Tableaux et dioramas : collection municipale
OCTOBRE 2024
Une histoire de gros choux
Le 28 octobre 1828, vers dix-huit heures, Pierre Antoine Ducreux et son gendre Pierre Jean Baptiste Fichet, tous deux journaliers et demeurant à Sainte-Geneviève-des-Bois, vinrent porter plainte auprès de l’adjoint au Maire de cette commune, Vilain de la Chapelle, contre Jacques Eustache Briquet, demeurant lui aussi dans cette commune et ex-garde du Vicomte de Bertier (alors propriétaire du château de Sainte-Geneviève-des-Bois).
Ils déclarèrent « qu’à l’instant », le sieur Briquet avait injurié Pierre Antoine Ducreux, en lui reprochant que sa petite-fille Marie-Geneviève Fichet, âgée d’environ onze ans, s’était permis de couper la veille un de ses choux dans une pièce de terre située derrière l’église*, « et que quelqu’un lui avait dit ».
Les deux plaignants expliquèrent ensuite que la femme de Fichet, passant la veille avec sa fille « par une petite traverse du bois joignant la route dite l’allée du camp à celle dite chemin de Grigny**, où peu de minutes avant était passée une femme avec un âne chargé de choux et autres légumes, avait trouvé dans une ornière le chou » que les déclarants apportaient à l’adjoint pour lui montrer, et « que la dite femme Fichet, ne voulant pas s’en charger pour aller plus avant dans le bois l’avait fait porter chez elle par sa fille, que c’était bien certainement ce qui avait donné lieu à la fausse inculpation du sieur Briquet contre la fille Fichet ».
A la demande des plaignants, Vilain de la Chapelle se rendit sur place, rejoint par la femme Fichet qui apportait « de la lumière dans une lanterne » (nous sommes à la fin octobre et il fait nuit).
« Etant au lieu du prétendu délit », l’adjoint au maire y remarqua que le chou présenté par les plaignants « avait la pomme environ quatre fois plus grosse que ceux du dit sieur Briquet et ne paraissait aucunement de la même espèce ».
Agacé par cette mauvaise foi, Vilain de la Chapelle se rendit alors au domicile du sieur Briquet et frappa à sa porte à plusieurs reprises mais n’obtint aucune réponse. « Ayant remarqué de la mauvaise volonté de la part du dit sieur Briquet » l’adjoint « remis au lendemain à l’appeler » mais malgré une invitation matinale à se présenter dans la journée, le Sieur Briquet ne se montra pas. La fille de ce dernier, Marie-Louise, fut envoyée pour «répondre que son père était parti à 4 heures du matin et qu’il ne devait pas rentrer le même jour », mais l’adjoint prit cette réponse pour une feinte et réitéra son invitation. La fille Briquet revint alors apporter « un mot d’écrit du Sieur Bazile, percepteur (chez lequel demeure le dit Sieur Briquet) de sa main écrit et signé, marquant qu’il était vraiment absent et qu’il ne pouvait se présenter».
Il semble que ce mot, rédigé par un fonctionnaire, personnage important de la commune, et donc digne de confiance du point de vue de Vilain de la Chapelle, ait calmé la colère de ce dernier et qu’il ait ensuite oublié cette his-
Nouveau Larousse Universel, édition 1948
Collection privée
-toire de choux. En effet aucune suite ne figure dans le registre des procès-verbaux et on ne trouve pas trace d’une demande ultérieure pour obtenir de vive voix la version du Sieur Briquet. A moins que l’adjoint au maire n’ait fait chou blanc ?
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* Il s’agit de l’ancienne église de Sainte-Geneviève-des-Bois, qui se situait à l’emplacement de l’actuel magasin Carrefour
** Probablement les actuelles rue Jean Mermoz et rue de Grigny
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Source : Registre des procès-verbaux du conseil municipal de Sainte-Geneviève-des-Bois année 1828​
SEPTEMBRE 2024
Sainte-Geneviève-des-Bois vue par son instituteur en 1899
L'exposition Universelle de 1900, organisée à Paris d’avril à novembre, avait pour thème « bilan d’un siècle ». Le Ministère de l’Instruction Publique y présentait une exposition consacrée à l’enseignement primaire afin de célébrer les progrès de l’instruction publique en France et l’action de ses instituteurs.
Parmi différents travaux et objets réalisés par des élèves et des enseignants, furent présentées des monographies communales rédigées en 1899 par les directeurs d’école (parfois uniques instituteurs) de chaque ville ou village de France. Ces monographies, toutes rédigées sur le même plan imposé, étaient ensuite reliées par canton et présentées par département durant cette exposition.
Le département de Seine-et-Oise (ancien département auquel appartenait Sainte-Geneviève-des-Bois) obtint le grand prix du jury international pour ses monographies, et « figurait en place d’honneur avec 37 gros volumes renfermant un travail complet sur chacune de ses 689 communes groupées par cantons. »
La monographie sur Sainte-Geneviève-des-Bois se trouve actuellement aux Archives Départementales de l’Essonne à Chamarande, et peut être consultée en ligne. Elle est associée aux autres communes du canton de Longjumeau (Massy, Plessis-Pâté, Saulx-les-Chartreux, Savigny-sur-Orge, Villemoisson-sur-Orge, Villiers-sur-Orge, Viry-Châtillon et Wissous) et fait partie des 184 monographies communales concernant l'Essonne.
Cette monographie de 23 pages, rédigée par Gustave Signamarcheix, instituteur dans notre commune depuis 1895, suit le plan imposé mais reflète également les centres d’intérêt de son rédacteur : Elle présente d'abord une grande partie historique, largement reprise du livre écrit en 1864 par un historien local, Mr Pinard, erreurs comprises. La partie sur la situation géographique, le climat, l’économie, pourtant demandée, est quant à elle pratiquement inexistante. Plus intéressantes sont la description de ce qui restait du château et de son domaine en 1899, la présentation des hameaux et quartiers de la commune à cette époque, l’évocation des bâtiments remarquables et des personnalités locales. La partie consacrée à l’instruction publique est assez sommaire comparée à d’autres monographies et se résume à un rapide historique de l’école communale et une liste des instituteurs depuis la révolution. Plusieurs photographies illustrent cet ouvrage, immortalisant des lieux disparus ou dont l’environnement a bien changé, Sainte-Geneviève-des-Bois n’étant à l’époque qu’un village d’environ 650 habitants encore très champêtre.
Descriptions et illustrations font ainsi de cette monographie un témoignage précieux sur ce que fut notre commune à l'aube du XXe siècle.​​
Sources :
Archives Départementales de l’Essonne en ligne : Inspection académique de Versailles. Monographies communales monographies communales 1899 Volume I-2 : canton de Longjumeau, Cote 4T/5
Ministère du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, Exposition Universelle Internationale de 1900 à Paris : Rapports du Jury international Groupe I - éducation et enseignement, première partie – Classe 1, Paris Imprimerie Nationale 1902 / Page 195
L’Enseignement primaire à l’Exposition universelle de 1900 ; Manuel général de l'instruction primaire : journal hebdomadaire des instituteurs. 67e année, tome 36, 1900. pp. 389-391
Site internet expositions-universelles.fr : exposition universelle Paris 1900
Site internet paris-atlas-historique.fr : L'Exposition universelle de 1900
Illustration : Wikimedia Commons (La Librairie Illustrée, éditeur)
AOUT 2024
Il y a 80 ans....
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Il y a 80 ans, l’Essonne, alors Seine-et-Oise, était libérée du joug nazi par la 2ème division blindée du général Leclerc et la 4ème division d’infanterie américaine commandée par le général Barton, soutenues par les résistants locaux.
Aux Français le nord de l’Essonne, aux Américains le sud, en fonction des voies empruntées pour rejoindre Paris, bien que cette répartition ait en fait été plus fluctuante comme le montre la liste des villes, parfois voisines, traversées par les uns ou les autres, par exemple Epinay-sur-Orge et Villiers par la 2ème DB et Saint-Michel-sur-Orge et Sainte-Geneviève-des-Bois par la 4ème DI.
Dans l’ouvrage «Paroles de vies génovéfaines», des habitants se souviennent avec émotion de l’arrivée des Américains le 22 août dans notre commune, et de la joie de la population lors de cet évènement, offrant des fleurs et des produits frais à leurs libérateurs qui leur distribuaient cigarettes et chewing-gum.​​​
Les résistants parachevèrent leur action dans les jours qui suivirent. Une stèle devant la mairie de Sainte-Geneviève-des-Bois commémore leur victoire et la libération de la ville.
Cette stèle mentionne le 25 août comme date de la libération de Sainte-Geneviève-des-Bois par les résistants. Il est toutefois à noter que certaines sources situent cette libération, menée par des résistants de différents réseaux regroupés sous la conduite de Raymond Laporte, dès le 24 août.
C’est cette date qui a été choisie par notre ville pour commémorer chaque année sa libération, dont le 80ème anniversaire sera célébré le 24 août prochain devant la mairie.
Le peintre génovéfain Raimon Ménager a immortalisé l’arrivée des Américains dans une série de tableaux (collection municipale). Ses œuvres feront l’objet d’une exposition dans la salle Jacques Brel au Donjon du 2 au 16 décembre prochain.
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Sources :
Site internet du Conseil Départemental de l’Essonne : la libération de l'Essonne
Archives Départementales de l’Essonne en ligne : carte de l'avancée américaine en Seine-et-Oise
Site internet de la fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque/ Association des anciens de la 2ème D.B. : voie de la 2ème D.B., axe sud vers Paris
Musée de la Resistance en ligne : la libération de la Seine-et-Oise
Site sur la libération de Paris : la 4ème division d'infanterie américaine
Sainte-Geneviève-des-Bois le XX° siècle, Société historique de Sainte-Geneviève-des-Bois, 1992, pages 151 et 152
Paroles de vies génovéfaines, un siècle à Sainte-Geneviève-des-Bois, Essonne, Centre Communal d’Action Sociale, Décembre 2000, pages 123 et 124
Villiers-sur-Orge et ses environs, histoire et mémoire, Récit de Jacques Pénichost, Les Amis de l’Histoire de Sainte-Geneviève-des-Bois et ses environs, Novembre 2022, page 26​​​
JUILLET 2024
Le chêne de la Liberté
Dans le sillage de la Révolution Française de 1789, de nombreux arbres de la Liberté, symbolisant l’affranchissement du peuple et les nouvelles institutions politiques, furent plantés dans toute la France. Les essences choisies pour leur symbolisme furent principalement les chênes, les peupliers et les tilleuls, même si d’autres espèces furent parfois sélectionnées.
D’après l’Abbé Grégoire (figure majeure de la Révolution Française), plus de 60 000 arbres furent plantés, mais très peu subsistent aujourd’hui. En effet, nombre d’entre eux furent abattus ou déracinés au retour de la monarchie, d’autres furent simplement victimes des ravages du temps.
On ne sait pas si un arbre de la liberté fut planté à Sainte-Geneviève-des-Bois dans les années 1790, mais le 22 Octobre 1989, à l’occasion des fêtes du bicentenaire du la Révolution de 1789, un chêne de la liberté, transporté par un char tiré par 4 bœufs, fut planté près du Donjon où l’on peut encore l’admirer.
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Le chêne de la Liberté en juin 2024
​Sources :
Essai historique et patriotique sur les arbres de la Liberté, par Grégoire, membre de la Convention Nationale ; Desenne, Bleuet et Firmin Didot éditeurs, An IIème de la République Française [1793-1794]
Votre Ville n° 88 octobre 1989
JUIN 2024
Les Monuments Historiques de Sainte-Geneviève-des-Bois
Le Donjon, bien connu des habitants de Sainte-Geneviève-des-Bois et de ses environs est classé au titre des Monuments Historiques depuis 1923, et certaines parties des communs attenants y sont inscrits depuis 1961 (voir notre rubrique « clin d’œil » du mois de mars dernier).
Mais savez-vous que la commune possède plusieurs autres bâtiments et objets classés ou inscrits au titre des Monuments Historiques (l'inscription, premier niveau de protection, et le classement, niveau le plus élevé, correspondent aux deux niveaux de protection des monuments historiques) ?
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Objets classés :
- Dans l’église Sainte Geneviève : les statues de Sainte Geneviève et de Sainte Madeleine, datant du 17ème siècle, classées depuis 1912.
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Immeubles et objets inscrits :
- Eglise orthodoxe russe Notre-Dame-de-l'Assomption, depuis 1974,
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- Sépultures orthodoxes du cimetière de Liers, depuis 2001,
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- Demeure de la Cossonerie ou Maison Russe (inscription partielle), depuis 2012,
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- Dans l’église Sainte Geneviève : une dalle funéraire et deux plaques commémoratives, toutes trois depuis 1975,
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- Borne royale n° 13, inscrite depuis 1931,
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- Une autre borne royale, la n° 16, située devant la maison de la Maréchaussée, elle aussi inscrite depuis 1931, a disparu vers la fin du 20ème siècle/ début du 21ème siècle. Endommagée (cassée en deux, probablement par un véhicule), on perd ensuite sa trace et elle semble avoir été détruite. Si vous avez des photos ou des informations sur ce qui est arrivé à cette borne, n’hésitez pas à nous contacter via notre page contact, nous sommes preneur de toute information à son sujet.
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Sources :
Base Mérimée (immeubles monuments historiques)
Base Palissy (objets monuments historiques)
Consécration de l'église Sainte Geneviève en 1679
Don d'une cloche par Olivier Louis Monnerot de Sève en 1701
Pierre tombale de Marguerite Pélagie Danycan décédée en 1742
MAI 2024
Boire ou Conduire ...
Boire ou conduire, il faut choisir, et ça ne date pas d’hier !
Le 7 décembre 1827, Jean-Baptiste Rousset, cultivateur demeurant au hameau de Liers, se présentait à Mr Vilain de la Chapelle, adjoint au maire (et instituteur) de Sainte-Geneviève-des-Bois pour porter plainte contre Claude Lamoureux, propriétaire à Brétigny. En effet, revenant de travailler avec ses deux chevaux et monté sur l’un d’eux, alors qu’il se trouvait dans la rue « dite vieille rue de Liers et tout près du mur de l’auberge», Jean-Baptiste Rousset avait vu un cabriolet* arriver rapidement et se diriger vers lui au risque de le serrer contre le mur et de le blesser ainsi que ses chevaux. Malgré ses cris « arrêtez je vous prie, vous m’allez écraser ! » envers le conducteur du cabriolet, celui-ci ne s’était pas déporté du côté opposé et l’avait au contraire tellement pressé contre le mur que le moyeu de la roue avait renversé un de ses chevaux qui par sa chute avait fait tomber l’autre et que Rousset s’était trouvé renversé et écrasé contre le mur par ses chevaux. Sa roue passant par-dessus le premier cheval renversé, le cabriolet avait continué son chemin « quoique plusieurs personnes aient crié : Oh ! mon Dieu ! Il est écrasé ! » et répété « Arrêtez, arrêtez ! ». Mr de Barjac, propriétaire au hameau de Liers, et Rousset, qui était parvenu à se relever, coururent alors tous deux après le cabriolet, et le premier, prenant un raccourci, l’avait forcé à s’arrêter au-dessus de la mare au chanvre**.
Jean-Baptiste Rousset avait alors reconnu le conducteur « qui était ivre de manière qu’étant descendu, il ne pouvait ni se soutenir, ni s’expliquer, qu’on avait pu avoir de lui aucune raison si ce n’est : Je m’appelle Claude Lamoureux, qu’il avait répété plusieurs fois, et avait eu bien de la peine à remonter dans son cabriolet. » Après l’avoir prévenu qu’il allait porter plainte, Rousset l’avait laissé continuer sa route vers Brétigny. On peut se demander si c’était bien prudent étant donnée l’état du conducteur !
Lors de son dépôt de plainte, Rousset précisa, montrant son poignet gauche enflé, qu’il ressentait une douleur à l’épaule du même côté et qu’il croyait son cheval grièvement blessé mais remettait au lendemain de le faire visiter par le vétérinaire.
Le compte-rendu du jour suivant nous apprend que Jean Baptiste Louis Lacour, vétérinaire demeurant à Montlhéry, vint déclaré qu’il avait examiné le cheval blessé et « avait reconnu une forte contusion au flanc droit dans toute son étendue jusqu’aux fausses côtes, et une forte douleur lorsque l’on comprime, à cet endroit, les intestins, ce qui annonce que la complexion interne est altérée, et nécessite un traitement de neuf jours aux poudres vulnéraires et aux sudorifiques » ***.
Deux derniers compte-rendu contiennent les déclarations des différents témoins de l’accident corroborant les dires de Jean-Baptiste Rousset.
L’adjoint au Maire ayant recueilli la plainte et entendu les témoins, le registre ne mentionne plus l’accident, et ne révèle pas les suites de la plainte. On ne sait pas si Jean-Baptiste Rousset a souffert de séquelles ou si son cheval a survécu. A cette époque, il n’existait ni sécurité sociale, ni assurance multirisques, et ne pas pouvoir travailler plusieurs jours ou perdre un animal de trait pouvait se révéler catastrophique pour un paysan. Le registre ne donne pas non plus d’informations sur les éventuelles suites judiciaires de cet accident ou dédommagements financiers demandés à Claude Lamoureux. La consultation des registres de la justice de paix du canton, qui s’occupait des affaires du quotidien, pourrait peut-être apporter quelques réponses. La suite dans un prochain clin d’oeil ?
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Un cabriolet
* Un cabriolet était une voiture attelée légère, à deux roues, à 2 ou 3 places, tirée par un seul cheval, à suspension et qui comportait souvent une capote amovible.
** A cette époque, Sainte-Geneviève des Bois comportait plusieurs « mares au chanvre », qui servaient à rouir cette plante, c’est-à-dire à récupérer les fibres de chanvre après immersion pendant plusieurs jours.
*** En médecine vétérinaire, la poudre vulnéraire était utilisée comme cicatrisant pour guérir une blessure après un traumatisme. Les sudorifiques provoquaient la transpiration afin de faire baisser la fièvre.
Sources :
Registre des procès-verbaux du conseil municipal de Sainte-Geneviève-des-Bois année 1827
Dessin du cabriolet : Pearson Scott Foresman (domaine public; Wikimedia commons)
AVRIL 2024
Un mort inconnu
Le 24 décembre 1825, Jean Denis Lamoureux, cultivateur demeurant à Sainte-Geneviève-des-Bois, se présentait à la mairie à une heure de l’après-midi et déclarait que, labourant une pièce de terre située près du hameau du Parc-Pierre, il s’était aperçu qu’à peu de distance « gisait le cadavre d’un homme mort ».
Sur cette déclaration, le Maire de la commune, Dominique Notta, se rendit sur place et constata que le mort « était borgne, avait environ 60 ans, la tête couverte d’un bonnet de coton, vêtu d’une veste de drap bleu, gilet de coutil vert, culotte de gros drap gris, sous icelle deux autres culottes de cotonnière bleue, une chemise et une paire de souliers. Il n’avait ni argent ni aucun papier ».
Le Maire envoya alors un message au juge de paix (juge chargé des affaires du quotidien) de Longjumeau et requit le Sieur Polony, chirurgien demeurant à Brétigny afin qu’il vienne faire les constatations. Après examen, celui-ci déclara que le décès « n’avait d’autres causes que la fatigue, le besoin, et plus encore le froid ».
Le juge de paix ne pouvant se rendre sur les lieux le jour même en raison de l’heure tardive, et la gendarmerie de Ris n’ayant pu être prévenue pour la même raison, le cadavre fut laissé sur place, les sieurs David, cultivateur demeurant au hameau du Parc-Pierre, et Bleuse, journalier demeurant à Sainte-Geneviève, étant chargés de le garder.
Le lendemain 25 décembre, le Brigadier de Gendarmerie de Ris, prévenu, fit répondre qu’il ne pourrait venir que le lendemain. Le garde-champêtre, alors envoyé demander au Procureur du Roi son autorisation pour faire inhumer le corps de l’inconnu, revint avec cette autorisation, mais trop tard pour procéder à l’inhumation le jour même et les malheureux David et Bleuse durent continuer à le garder sur place une nuit de plus. Leur garde dura donc du 24 décembre à 18 heures jusqu’au 26 décembre à 15 heures ! On peut espérer que cette garde s’effectuait de manière alternée, leur permettant d’aller se réchauffer de temps en temps par des températures hivernales heureusement propices à la conservation du cadavre, resté sur le lieu du décès plus de 2 jours (la nature du décès, un inconnu mort de froid et non victime d’un crime, ainsi que la période, veille et jour de Noël, n’avaient pas dû inciter les autorités à considérer cette mort comme une priorité, les allers et retours successifs des différents messagers, au mieux effectués à cheval, allongeant également la procédure).
Le cadavre enfin mis en bière « avec ses hardes et son bonnet de coton, attendu qu’il n’était pas possible de se procurer un drap pour l’ensevelir », fut inhumé le 26 décembre par le Père Julien, curé de Saint-Michel-sur-Orge desservant Sainte-Geneviève-des-Bois.
Le Maire ajoute dans son compte-rendu que selon divers témoins « l’inconnu avait été vu depuis plusieurs jours à Saint-Michel et Sainte-Geneviève, qu’il paraissait avoir l’esprit faible, qu’il avait dit se nommer Pauchais et être d’Arcueil », et qu’il a donc écrit au Maire d’Arcueil afin de pouvoir si possible établir l’acte de décès de l’inconnu.
Ainsi s’achève le procès-verbal relatant cet évènement, complété le 30 Janvier 1826 avec les informations suivantes:
Les renseignements fournis par la mairie d’Arcueil confirmèrent à Dominique Notta que l’inconnu était Jean-Michel François Marchais (et non Pauchais), dont le signalement concordait avec celui de l’inconnu. Il transcrivit ainsi sur le registre les informations reçues : « Ledit Marchais avait été baptisé le 19 mars 1762, était fils de Michel Marchais, jardinier en la maison des Bénédictins à Cachan de la Paroisse d’Arcueil, et de Marie Thérèse Moncouteau, sa femme. Il avait la tête en partie chauve, les cheveux gris, taille d’un mètre cinquante-cinq centimètres, borgne de l’œil droit. Il était vêtu d’une veste de drap bleu, gilet de coutil vert, culotte de gros drap gris. Il était ouvrier carrier et demeurait route d’Orléans, Croix d’Arcueil, commune idem ».
Ainsi la persévérance du maire Notta à identifier le décédé permit de rendre à ce mort inconnu non seulement son identité mais aussi son humanité. L’acte de décès établi à Sainte-Geneviève-des-Bois, initialement pour un inconnu, fut corrigé afin d’y faire apparaitre son nom, et son identification permit la transcription de son acte de décès, en février 1826, dans le registre d’état civil de la ville d’Arcueil où il habitait.
On ne sait pas pourquoi Jean-Michel Marchais se trouvait à Sainte-Geneviève-des-Bois, mais à cette époque de nombreux filons de meulière étaient exploités sur la commune et ses environs, et cet ouvrier carrier (ouvrier extrayant la pierre dans les carrières) était peut-être venu y chercher du travail.
On ignore également s’il avait encore de la famille.
Le vieux vagabond
Sources :
Registre des procès-verbaux du conseil municipal de Sainte-Geneviève-des-Bois année 1825
« Le vieux vagabond », Œuvres complètes de Pierre-Jean de Béranger, 1839, Tome 3 p. 102-103 ; gravure François-Louis Français, Melchior Péronard (MET, 59.500.687(132)) (domaine public; Wikimedia commons)
MARS 2024
Le Donjon : monument historique depuis 100 ans
La loi sur les monuments historiques du 31 décembre 1913 est l’aboutissement d’une prise de conscience, née sous la révolution française et développée au long du 19ème siècle, de la nécessité de protéger le patrimoine.
Presque dix ans après la promulgation de cette loi, la commission des Monuments historiques adopte le 17 février 1923 le classement du « Donjon du Château de Sainte-Geneviève-des-Bois». Cependant, ce classement est refusé par son propriétaire*. Lors de la réunion de cette même commission le 26 octobre 1923, le rapporteur du dossier demande donc que le classement du « pigeonnier, dit "donjon", du château de Sainte-Geneviève » soit poursuivi d'office par décret en Conseil d'État, « le caractère de la construction justifiant pleinement la faveur d'une pareille mesure ». Tel est également l'avis des archéologues et architectes présents à cette réunion, et le classement d'office est, en conséquence, réclamé à l'unanimité, aboutissant au classement au titre des Monuments Historiques du Donjon dans sa totalité par décret du 7 décembre 1923.
Quelques dizaines d’années plus tard, la protection de ce qui reste du château sera complétée par l’inscription au titre des Monuments Historiques des façades et toitures des communs, du passage couvert et des douves, par arrêté du 12 janvier 1961.
Le Donjon a longtemps été considéré comme le vestige d’un château fort disparu, transformé ultérieurement en pigeonnier. Si la notice de classement du Donjon mentionne bien une construction aux XIVème et XVIIème siècles, cette estimation est sujette à polémique dès 1922, lorsqu’un architecte en chef consulté pour le rapport préliminaire au classement affirme « ce soi-disant Donjon est en réalité un pigeonnier et se compose d’une tour ronde du XVIIème siècle ». Les dernières recherches semblent effectivement dater cette grosse tour, dont la destination comme pigeonnier remonterait à sa construction, de la fin du XVIème ou début du XVIIème siècle.
Quelle que soit la date de sa construction et quelle qu’ait été sa fonction à l’origine, cette tour connue de tous comme le « Donjon » est indissociable de notre commune dont elle est l’emblème, et nul doute que la protection accordée par son statut de Monument Historique lui aura évité bien des dégradations irréversibles.
* Jean de Bertier de Sauvigny, dernier propriétaire du domaine, vend celui-ci au cours de l’année 1923 à une société immobilière qui le lotira.
Sources : Procès-verbaux de la commission des Monuments Historiques / école nationale des chartes / Base Mérimée / Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine
Le Donjon de Sainte-Geneviève-des-Bois peu de temps après son classement, signalé par une pancarte sur son clocheton.
A noter l'état dégradé du monument à cette époque.
FEVRIER 2024
Les combattants de la Liberté
Mise en place au 16ème siècle à la suite de la colonisation de l’Amérique, la traite négrière atlantique prit son essor au 17ème siècle et perdura jusque vers 1850. Cette traite fut également appelée commerce triangulaire, car des bateaux venus d’Europe échangeaient en Afrique des marchandises manufacturées contre des captifs, ensuite déportés dans des conditions effroyables vers les Amériques, notamment les Antilles, où ils étaient vendus comme esclaves à des colons, et d’où les marchandises qu’ils produisaient sous la contrainte, sucre, café, coton, tabac, etc., étaient exportées vers l’Europe. Ce commerce triangulaire concerna également la Réunion et l’Ile Maurice dans l’Océan Indien.
La traite atlantique est responsable de la déportation d’au moins 12 millions et demi d’africains, et entraîna la mort d’un million et demi de personnes pendant les traversées. Les expéditions françaises sont à elles seules responsables de la déportation d’1,3 million de personnes, plaçant la France au troisième rang de ce trafic derrière la Grande-Bretagne et le Portugal. Les principaux ports négriers français furent Nantes, La Rochelle, Le Havre et Bordeaux, dont la traite assura la richesse ainsi que celle de ses armateurs et négociants.
En France, l’abolition définitive de l’esclavage fut établie par décret le 27 avril 1848. Depuis 2006, la journée nationale «des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition » est commémorée le 10 mai. A Sainte-Geneviève-des-Bois, cette cérémonie se tient devant les colonnes de la Liberté, monument dédié à la mémoire des esclaves, de l’abolition de l’esclavage et de la traite négrière. Le nom de ces personnes y est gravé :
Anne ZINGHA ca 1583-1663
Aussi nommée Njinga Mbandi ou Nzinga Mbandi, reine du Ndongo et du Matamba (actuellement en Angola). Elle s’est battue contre l’impérialisme européen et pour l’émancipation de son peuple, et parvint à éviter la colonisation de son pays pendant son règne.
Toussaint LOUVERTURE 1743-1803
Surnommé le Spartacus noir, ancien esclave puis homme politique haïtien et général de brigade, il lutte pour l’indépendance de Saint-Domingue. Arrêté en 1802 par Napoléon, accusé de «trahison», il meurt au Fort de Joux dans le Doubs.
Jean KINA 1755- date de décès inconnue
Esclave affranchi de Saint Domingue, il s’engage dans la contre-révolution comme colonel dans l’armée britannique, puis en Martinique en essayant d’imposer « la loi britannique » qui protégeait la population de gens de couleur des violences de l’empire colonial français. Arrêté et incarcéré au Fort de Joux, il est libéré, puis incorporé avec son fils Zamor dans un régiment de pionniers à Toulon et passe le restant de sa vie en Italie comme charpentier.
Lumina Sophie 1848-1879
Surnommée Surprise
Combattante féministe, figure importante de la résistance des populations martiniquaises aux injustices post-esclavage, elle est arrêtée puis déportée en Guyane où elle meurt à 31 ans.
Louis DELGRES 1766-1802
Né juridiquement « libre de couleur ». Grand combattant pour la cause abolitionniste en Martinique et Guadeloupe, prisonnier des Anglais puis relâché. En 1802, il devient chef de la résistance après le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte. En infériorité, ses troupes se replient et préfèrent se suicider plutôt que de se rendre.
Edmond ALBIUS 1829-1880
Esclave réunionnais, orphelin à la naissance, il est recueilli par le riche planteur et botaniste Féréol Bellier Beaumont, qui l’initie à cette passion. A 12 ans, Albert ALBIUS invente le procédé de la pollinisation de la vanille. Il tombe dans l’oubli et ne tire aucun profit de sa découverte. Il meurt dans la misère. Sa technique de pollinisation manuelle est encore utilisée de nos jours à travers le monde entier.
Olympe De GOUGES 1748-1793
Elle écrit la « Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne » et milite pour l’abolition de l’esclavage.
Fidèle à ses idées, elle est inculpée par le tribunal révolutionnaire et meurt guillotinée.
Victor SCHOELCHER 1804-1893
Homme de lettres et politique, il a consacré sa vie à lutter contre l’esclavage et ses atrocités. Lorsqu’il est nommé sous-secrétaire d’état aux colonies, il rédige le décret du 27 avril 1848 qui abolit définitivement l’esclavage en France.
Aimé CESAIRE 1913-2008
Poète, dramaturge, homme politique (député de 1945 à 1993), grand humaniste, il crée le journal « L’étudiant noir » avec Léopold Sédar Senghor et Léon- Gontran Damas. Il invente le concept de « négritude » visant à promouvoir la culture antillaise victime du racisme engendré par la colonisation. En tant que député, il fait voter une loi qui acte que la Martinique soit un DOM (département d'outre-mer). Ses œuvres sont traduites dans le monde et enseignées dans les écoles.
Chevalier de SAINT GEORGE 1745-1799
Fils d’un riche planteur colonial de la Guadeloupe, nommé Georges de Boulogne Saint Georges, et d’une esclave noire. Son père quitte son île à l'issue d'un duel et emmène avec lui son fils qui reçoit une éducation d’aristocrate en France. Escrimeur, musicien et chef d’orchestre, considéré comme le « Mozart noir » de son époque, il est proche de Marie-Antoinette. En 1793, il dirige la légion « franche des Américains » pour défendre la jeune république des attaques des armées européennes.
Thomas Alexandre DAVY DE LA PAILLETERIE 1762-1806
dit Général Dumas
Né à Saint Domingue, métis, il est reconnu puis affranchi par son père qui l’envoie ensuite faire ses études à Paris. Il s’engage dans l’armée, prend alors le nom de sa mère (Dumas) et le prénom de son père (Alexandre), et devient l’un des premiers généraux de couleur. Grand militaire pendant la Révolution, la Convention et auprès de Bonaparte, désavoué par celui-ci, il est fait prisonnier en Italie et libéré en 1802. Par la suite, Bonaparte procède à l’épuration des officiers de couleur.
Il est le père de l’auteur de « Les trois mousquetaires » et le grand père de l’auteur de « La dame aux camélias ».
Parmi ces personnes, sont honorés au Panthéon Toussaint Louverture, Louis Delgrès, Victor Schœlcher et Aimé Césaire. La panthéonisation d’Olympe de Gouges a été demandée au travers de pétitions et manifestations.
Cette liste figurant sur le monument génovéfain n’est pas exhaustive et de nombreuses autres personnes, esclaves, descendants d’esclaves et humanistes se sont battus dans les îles ou en métropole contre la traite et l’esclavage.
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Pour en savoir plus sur la traite négrière et le commerce triangulaire, parmi de nombreux sites sur le sujet :
Mémorial de l'abolition de l'esclavage, Nantes / Mémoire de l'esclavage, la Rochelle / Mémoire de l'esclavage et de la traite négrière, Bordeaux / La traite des noirs et le commerce triangulaire, archives municipales de la ville du Havre / Fondation pour la mémoire de l'esclavage
JANVIER 2024
Pauvre Jean !
L’étude des actes anciens concernant notre commune révèle parfois bien des surprises. Souvent les registres paroissiaux (tenus par le clergé et précurseurs des registres d’état civil mis en place à la Révolution) ne mentionnent pour les décès que leur date, celle de l’enterrement et quelques informations sur le défunt, mais très rarement leur cause.
Parfois cependant, quand la mort est inhabituelle et a frappé le rédacteur de l’acte, celui-ci donne des détails. Ainsi pour Jean Couvat, jeune homme de 19 ans originaire du Limousin et travaillant comme manœuvre pour des maçons dans la paroisse de Sainte-Geneviève-des-Bois, décédé le 2 Juillet 1783 « d’un coup de tonnerre en aidant à sonner les cloches » de l’église. Son acte de décès nous apprend également qu’un maître chirurgien de Monthléry s’est spécialement déplacé pour constater les raisons de sa mort et en a établi un certificat, soulignant le caractère inhabituel de ce décès. Jean Couvat a été enterré dès le 3 Juillet dans le cimetière de la paroisse, alors situé autour de l’ancienne église de Sainte-Geneviève-des-Bois, à l’emplacement du magasin Carrefour.
Il est à noter que c’est aussi la foudre qui entraîna l’écroulement d’une partie de cette église, mal entretenue, dans les années 1870s, et son remplacement ultérieur par l’église actuelle route de Corbeil.
Au prochain orage, pensez au triste sort du pauvre Jean Couvat, mort d’avoir voulu rendre service !
Source : Archives Départementales de l’Essonne – Registres paroissiaux
L'ancienne église de Sainte-Geneviève-des-Bois